Saqqarah est une vaste nécropole de la région de Memphis. Elle connut une occupation ininterrompue tout au long de l'histoire de l'Égypte antique.
Pyramide à degrés de Djoser
Dès les premières dynasties les rois y firent bâtir leur mastaba et c'est là que la première pyramide fut édifiée par Imhotep, l'architecte de Djéser (IIIe dynastie) vers -2600. Il est convenu de dire qu'il s'agit là du premier édifice en pierre que l'Égypte connut. Vaste enceinte enfermant des cours et répliques de temples de l'époque nous laissent un témoignage pétrifié inestimable des sanctuaires des premiers temps.
Nécropole royale sous l'Ancien Empire, le site se développa autour des pyramides royales des Ve et VIe dynasties. De nombreux mastaba de cette époque nous sont parvenus contenant des reliefs d'une qualité parfaite décrivant la vie quotidienne de l'Égypte antique.
Au Moyen Empire, avec l'éloignement de pharaon et de sa cour, d'abord à Thèbes puis dans le Fayoum, la nécropole fut quelque peu délaissée.
Pyramide d'Userkaf
Sous le Nouvel Empire, avec le renouveau de la ville de Memphis pendant les XVIIIe et XIXe dynasties égyptiennes, les nobles et courtisans se firent à nouveau inhumer à Saqqarah, dans des tombeaux surmontés par de véritables temples-chapelles funéraires.
L'un des plus célèbres est celui qu'Horemheb s'était fait construire avant même qu'il soit couronné pharaon. Les reliefs de cette chapelle le représentent en général doté de l'uræus royal, indiquant ainsi son avenir hors du commun.
C'est aussi à Saqqarah que l'on trouve les tombes des taureaux sacrés Apis dont le culte était rendu à Memphis. Inauguré à la XVIIIe dynastie, le Sérapéum se développa surtout sous les ramessides. Le fils de Ramsès II, Khâemouaset, grand prêtre de Ptah, passé à la postérité par des légendes le qualifiant de grand magicien, laissa des stèles et inscriptions relatant la restauration des tombes d'Apis ainsi que l'inauguration de la grande catacombe qui ne cessa alors de s'agrandir pour accueillir les dépouilles momifiées des taureaux sacrés. Mort avant son père, Khâemouaset fut enterré dans le Sérapéum.
Puis à la Basse époque un sanctuaire fut édifié et devint l'un des centres de pèlerinage des plus importants à la fin de l'histoire égyptienne sous les Ptolémées puis sous les empereurs romains. Ainsi une avenue bordée de sphinx menait au temple consacré à Apis (disparu aujourd'hui) auquel on accédait par un dromos traversant un hémicycle à l'architecture hellénistique abritant des statues des principaux philosophes et penseurs de l'antiquité.
D'autres sanctuaires dédiés à Anubis et à Bastet furent édifiés à côté de catacombes enfermant dans des galeries interminables quantités de momies animales, témoins de la ferveur populaire pour les cultes d'animaux sacrés.
Les Européens et les Égyptiens qui continuent de fouiller le sol de Saqqarah découvrent de nombreux tombeaux jusqu'alors ignorés. Une fresque représentant l'équarrissage d'un bœuf a été trouvée dans la sépulture d'un noble de l'Ancien Empire. Au temps des pharaons, les égyptiens voulaient croire en l'immortalité de la personne humaine. Pour cheminer dans l'au-delà, celle-ci devait retrouver les images quotidiennes de la vie et, notamment, des représentations de la nourriture.
Le site de Saqqarah
IMHOTEP
Imhotep, dont le nom signifie « celui qui vient en paix », est un personnage historique emblématique de l'Égypte antique.
Il vécut entre -2800 et -2700 et fut un homme aux multiples talents. Vizir et architecte du roi Djéser (IIIe dynastie), on le dit également médecin et philosophe.
Sur le socle d'une statue du roi Djéser (aujourd'hui au musée du Caire), il est présenté comme « Le chancelier du roi de Basse-Égypte, le premier après le roi de Haute-Égypte, administrateur du grand palais, noble héréditaire, grand prêtre d'Héliopolis, Imhotep, le constructeur, le sculpteur ».
Des écrits le désignant comme le « Fils de Ptah », sa mère est parfois assimilée à Sekhmet.
L'architecte
Complexe funéraire de Saqqarah.
Son œuvre architecturale la plus connue est sans conteste le complexe funéraire qu'il édifie à Saqqarah (près du Caire) pour Djéser et plus particulièrement la plus ancienne pyramide à degrés du monde.
Imhotep apporte à l'Égypte quelques innovations :
• L'historien égyptien Manéthon le crédite de la généralisation de l'utilisation de la pierre comme matériau de construction des temples et tombeaux funéraires, alors qu'ils étaient faits auparavant de briques de terre cuite. Il est aussi le premier à utiliser des colonnes dans l'architecture.
• Il innove architecturalement avec l'invention de la pyramide à degrés comme tombeau (« demeure d'éternité ») du roi.
Le médecin
Imhotep est considéré comme le fondateur de la médecine égyptienne et l'auteur d'un traité médical, le papyrus Edwin Smith (même si le document a été probablement rédigé vers -1700 avec des écrits complémentaires de plusieurs médecins).
Ce texte décrit en détail des observations anatomiques, l'examen, le diagnostic, le traitement et le pronostic de nombreuses blessures. Les traitements sont rationnels avec peu de recours aux formules magiques.
Le personnage divinisé
Statuette d'Imhotep au musée du Louvre
Il réforme (semble-t-il sans heurt) la religion égyptienne et introduit le mythe osirien.
Personnage historique de la IIIe dynastie, il est ensuite associé à Thot, dieu de la connaissance et de l'écriture. À la Basse époque, il est divinisé et adoré surtout à Deir el-Bahari. Il connaît son apogée à Memphis où il détrône Néfertoum pour être le fils du puissant Ptah. Plus tard encore, il finit par le surpasser et reçoit le titre de dieu memphite, reléguant Ptah à la seconde place.
À Philaé, un temple lui est consacré près de celui de la déesse Isis.